Lassés des publicités intempestives qui se multiplient sur le web, les internautes du monde entier se sont rapidement laissés tenter par les bloqueurs de publicité. Mais l’utilisation de ces extensions de navigateurs comporte des enjeux pas toujours bien connus. Décryptage de l’outil et de son usage.
En pleine consultation d’un site web, vous voyez apparaître une publicité qui cache pendant plusieurs secondes (ou minutes !) le contenu de la page, et ça a le don de vous agacer.
Afin de contrer cela, votre choix s’est vite porté sur les bloqueurs de publicités, et pour cause ! Ces extensions permettent d’empêcher le téléchargement ou l’affichage de publicités sur les sites web consultés, pour le plus grand plaisir d’un bon nombre d’internautes. Comment ? En procédant à une analyse du code HTML de la page afin de détecter les marqueurs ou tags révélant la présence d’espaces publicitaires. Finies les vidéos se déclenchant seules avec le son, les messages animés et clignotants ou encore les annonces en plein écran qui empêchent de lire…
Et les données personnelles dans tout ça ?
On pourrait croire qu’en permettant à l’internaute de contourner les publicités, ces extensions empêcheraient la récolte de données. Or, c’est tout l’inverse, comme l’ont prouvé des chercheurs français récemment. Les bloqueurs de publicités suivent votre activité sur le web et vous créent une empreinte unique, une sorte d’identifiant propre comportant toutes les caractéristiques de votre navigation. Un organisme publicitaire, en plus de pouvoir détecter quelle extension vous utilisez, pourra aisément accéder à ces informations et connaître les sites sur lesquels vous êtes identifiés. Au lieu de lui poser problème, les bloqueurs de publicités pourraient donc lui rendre un grand service.
La start-up Page Fair, dans son rapport annuel portant sur l’utilisation des bloqueurs de publicité dans le monde, indique que 615 millions d’appareils étaient équipés d’un bloqueur de publicités en 2016, dont 380 millions de téléphones portables. En France, le nombre d’utilisateurs de ces extensions ne cessent de croître : plus de 20% en 2016, selon une étude Ipsos. Parmi eux, une majorité de jeunes avec 55% des 16-24 ans et un chiffre qui progresse rapidement pour une tranche d’âge plus élevé avec 35% chez les 35-49 ans et 26% chez les 60 ans et plus.
Mais lorsqu’est posée la question de la protection des données, les réactions sont contrastées selon l’âge des interrogés. Toujours selon Ipsos, 36% des 16-34 ans sont prêts à admettre que ce traçage « peut présenter des avantages », comme l’affichage de publicités davantage ciblées et adaptées à leurs goûts. En revanche, du côté des 60 ans et plus, 88% ne sont pas sereins face à la récupération de leurs données personnelles.
Quelques astuces pour limiter la transmission d’informations
Si vous souhaitez limiter l’utilisation de vos données, Mozilla Firefox est connu pour être le navigateur laissant le moins de traces de votre passage sur le web. Sinon, deux moteurs de recherche sont connus pour respecter pleinement votre vie privée : Qwant d’abord, qui n’utilise aucun cookie et outil de traçage, et Duck Duck Go qui n’enregistre pas vos informations personnelles et supprime automatiquement votre historique de recherche. Pensez également à vous déconnecter de vos réseaux sociaux lorsque vous ne les utilisez plus et à utiliser les fenêtres de navigation privée qui sont un bon moyen pour éviter la collecte de vos données.