Non pas branché comme « hyper hype, dernier cri, top tendance », mais branché comme votre lampe de chevet. C’est moins glamour, oui je sais.
Les jours où on a envie de tout envoyer promener, de partir sur une île déserte, vivre de noix de coco, vêtu d’un paréo pour toujours et tant pis si on part sans faire la vaisselle on est des fous, vous connaissez ? Moi ça m’arrive assez souvent (oui, on manque sérieusement de soleil en ce moment dans le Nord de la France…), et apparemment je ne suis pas la seule ! Bon, peut être pas pour les mêmes raisons, mais visiblement la tendance est à la déconnexion.
Malgré l’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies (qui n’ont à mon avis rien à craindre de ce phénomène), on observe depuis quelques temps que la tentation de se déconnecter des réseaux grandit, que ce soit par lassitude personnelle ou conviction politique. Alors, se débrancher, c’est branché ? (là c’est bien « hyper hype, dernier cri, top tendance », notez l’effet de style).
Pour beaucoup d’entre nous, Internet n’est qu’un loisir, en rentrant chez soit le soir, un outil pratique. Mais pour d’autres, le Web est un outil de travail indispensable et nous suit aussi quand on rentre à la maison. C’est bien simple, sans Internet je ne peux pas travailler, j’y passe mes journées, et le soir je ne peux pas m’empêcher de répondre à mes e-mails, de passer 30 minutes sur Facebook (même si je sais déjà qu’il ne s’y passe rien), d’aller jeter un œil à mes sites favoris, de consulter la presse en ligne, de traiter ma paperasse online, de me balader sur des e-boutiques, de chercher ma prochaine activité du weekend… Résultat : mon petit ami se sent délaissé et mon ordinateur le nargue.
Alors pour le bien de mon couple et pour trouver une alternative à l’exil insulaire, je ferais bien de me pencher un peu sur cette tendance.
En quoi ça consiste ?
C’est très simple, faut pas aller sur Internet on a dit ! Enfin non, c’est à nuancer quand même, parce que Internet, moi j’aime bien et en plus j’en ai besoin (non mais vraiment…). Mais il est vrai que les initiatives pour nous faire décrocher de nos écrans se multiplient depuis quelques temps. Des opérations « 10 jours sans écrans » ou encore « 1 jour par semaine sans e-mails » ont vu le jour, par exemple. Cela peut paraître saugrenue quand beaucoup de personne réclament le « droit à la connexion ». Doit-on y voir un caprice d’enfant gâté dans un pays riche, un luxe de geek, ou le symptôme d’une société qui sature de son asservissement et de sa dépendance à l’information?
Déconnexion rime aussi avec différence et désobéissance. D’autant plus que nos objets du quotidien nous asservissent de plus en plus. Aujourd’hui on emmène Internet dans notre poche à tout moment avec nos Smartphones et autres tablettes tactiles, et parallèlement, le droit à la déconnexion se fait plus fort que jamais. Il n’est pas spécifique au numérique, il évoque surtout la protection de la vie privée. Les effets de nouveautés d’Internet, des réseaux sociaux, des blogs etc., se sont estompés et les internautes prennent de plus en plus conscience que leur vie privée est exposée au grand jour et reste en ligne durablement (pour le plus grand bonheur des publicitaires, entre autres). Dans le monde du travail par exemple, les cadres sont harcelés par leurs e-mails et leurs téléphones mobiles, mais ce « besoin » d’être joignable à tout prix concerne aussi la vie privée, et commence à agacer bon nombre de personnes. Précisons que le déconnecté n’est pas un non-connecté, il refuse la technologie par choix et a envie de vivre à nouveau sans.
Pourquoi vouloir rompre avec les nouvelles technologies ?
Simple « break » ou rupture totale, le moins que l’on puisse dire c’est que les technologies ne séduisent plus une partie de la population, à l’opposé de ceux qui, au contraire, ne jurent plus que par elles. Cette mode s’explique par plusieurs raisons très différentes et chacun peut donc trouver une motivation pour y adhérer :
- Manque de maîtrise des outils : si on savait parfaitement maîtriser nos outils et nos interactions avec nos machines, nous pourrions les laisser connectés sans soucis. Avec les nouvelles technologies nous n’avons pas les frontières que nous avons mises en place dans le monde réel pour protéger notre vie privée (la propriété privée, la limitation des horaires de travail…). Si nous nous sentons obligé de répondre à nos e-mails à n’importe quelle heure, c’est souvent que nous sommes submergés par la technologie. Il est important de mieux maîtriser nos outils, de mieux les utiliser, pour en rester maîtres.
- Geste politique : cette tendance peut aussi être motivée par un acte politique. Outre la préservation de la vie privée ou de la santé mentale, ce geste peut tout simplement symboliser une résistance à des règles et des normes.
- Recherche de proximité : sur Internet, tout va très vite, les amitiés se créent et se détruisent en quelques clics, vous pouvez y trouver tout ce que vous cherchez sans bouger de chez vous… Mais de plus en plus, les gens cherchent autre chose et veulent des relations humaines honnêtes et réelles. La proximité et la qualité des échanges semblent peu à peu être privilégiées au détriment de la quantité. Avoir 600 amis sur Facebook n’est plus un objectif et on commence à prendre conscience qu’il vaut mieux privilégier les amis proches, avec qui nous avons vraiment des choses à partager. Il s’agit de rendre aux réseaux sociaux la place qui est la leur : des outils pratiques et professionnels pour certains, mais surtout de simples passe-temps pour la grande majorité d’entre nous.
- Simplicité et tranquillité : la course à celui qui en aura le plus (d’amis, de nouveaux gadgets, de comptes sur différents sites, de sites favoris…) semble s’essouffler et l’internaute revient à l’essentiel. Ce dernier semble refuser les sollicitations de toutes parts, coupe plus facilement son portable, peut se passer de télévision et d’Internet, ne donne plus la priorité à ses e-mails… L’authenticité d’une relation ou la simplicité d’un produit sont désormais privilégiés.
La déconnexion peut apparaître surtout comme une manière de maîtriser sa connexion. Le fait d’être connecté sans arrêt ne nous fait finalement pas gagner de temps et rien de nous y oblige, hormis la pression sociale et notre manque de maîtrise des technologies.
Cette tendance semble révéler un malaise profond avec la société de consommation et l’omniprésence des médias qui nous entourent chaque jour et font irruption dans nos vies privées de façon particulièrement agressive. Nous sommes tellement habitués à vivre avec eux que nous ne prêtons même plus attention à ces intrusions.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Faites-vous partie de ceux qui adhèrent à cette « surconnexion », tout en connaissant les risques et les règles du jeu, ou de ceux qui se déconnectent petit à petit ?