L’annonce de ce 27 octobre 2016 a fait l’effet d’une bombe et surpris les quelques 200 millions d’utilisateurs de l’application. Pourtant, depuis quelques temps déjà, Vine subissait trop difficilement une concurrence forte des autres réseaux sociaux. La volonté de sa maison-mère Twitter de réduire les coûts a fini par mettre un terme à son activité.
Pour ceux et celles qui n’y auraient jamais jeté un coup d’œil, Vine est une application gratuite accessible à tous pour réaliser de courtes vidéos d’une durée de 6 secondes initialement, puis 140 tout récemment. Fondée en 2012 et rachetée par Twitter l’année suivante, l’application a très vite séduit grâce à sa simplicité d’utilisation, permettant des créations soignées et parfois même (paradoxalement) complexes. Aucun montage n’est nécessaire et l’enregistrement d’une vidéo se fait grâce à l’appui prolongé du bouton et s’interrompt en le relâchant.
Un mode de fonctionnement idéal pour de jeunes humoristes qui ont pris d’assaut l’application pour diffuser des contenus créatifs, drôles et souvent insolites. Des utilisateurs ont même fini par devenir de vraies stars, appelés « viners », à l’image de l’américain King Bach avec ses 16,5 millions de followers, ou du français Jérôme Jarre avec ses vidéos humoristiques cumulant des centaines de millions de vues sur Vine. Mais l’application ne s’est pas arrêtée à l’humour et aux blagues potaches puisque des artistes ont utilisé Vine comme un véritable terrain d’expression, comme le monteur-magicien Zach King ou Pinot, dessinateur indonésien, qui faisait prendre vie à ses dessins sur papier. En jouant ainsi avec les arts et les formats, ce « viner » a totalisé plus de 100 millions de vues.
La bataille du format court a fait rage
Malgré cette incarnation forte et un bon nombre d’utilisateurs, la popularité de Vine s’est progressivement dégradée en raison de l’émergence de nouveaux services chez d’autres réseaux sociaux. Instagram a par exemple lancé son propre service de vidéos en format court et l’application Snapchat n’a cessé d’augmenter sa croissance, avec ses filtres toujours plus surprenants et inventifs. YouTube s’est également beaucoup développé ces dernières années et bon nombre des « viners » se sont d’ailleurs exportés vers le géant de la vidéo. Des concurrents qui ont donc su exploiter le filon du format tandis que Vine s’est longtemps cantonné à ses 6 secondes de vidéos au lieu de diversifier son service. Ce dernier n’était d’ailleurs pas « monétisable », ce qui a également contribué à sa perte.
Après Vine, l’archivage
L’annonce de cette fermeture, qui n’a d’ailleurs pas encore de date précise, et l’émoi sur les réseaux sociaux qui en a suivi a donné des idées à certaines plateformes. Giphy, hébergeur de gifs animés, a ainsi lancé un outil pour convertir les vidéos Vine en GIF. Certains ont également pensé à créer des solutions pour stocker les contenus des « viners », afin d’éviter qu’ils ne se perdent à tout jamais sur le web. D’ici là, le site Vine et ses vidéos sont encore visibles mais l’on ignore pour combien de temps et si la fermeture ne concernera que l’application mobile. Désormais, la seule application pouvant s’y substituer en termes d’inventivité et d’accessibilité serait Musical.ly, véritable phénomène chez les adolescents, qui permet la capture de vidéos de karaoké, de danse et même de sketchs humoristiques.