Devenir une star du Web, c’est tentant n’est-ce pas ? Avoir de l’influence et en être récompensé, c’est plutôt attractif. C’est bel et bien une tendance sur Internet depuis quelques temps, avec des services de plus en plus nombreux dont l’unique fonction est de vous indiquer si vous êtes passif, populaire, ou carrément une célébrité 2.0…
Quel intérêt me direz-vous ? Et bien quoi de plus réjouissant que de savoir que vous êtes populaire à 62%, soit 5% de plus que votre meilleur ami qui passe son temps à se vanter d’avoir été le premier à relayer la vidéo du Nyan Cat ?!
Alors, êtes-vous influents sur Internet ?
Comment ça marche ?
Pour connaître votre score, rien de plus simple ! Inscrivez-vous sur l’un des sites spécialisés dans la mesure de l’influence en ligne (il en fleurit de plus en plus) en liant vos comptes Facebook, Twitter, LinkedIn, Google+, etc.
Fondés sur des algorithmes complexes et plus ou moins secrets, chaque site a mis au point ses propres critères. Mais on retrouvera toujours parmi ces critères, le nombre de publications, le nombre de mentions « j’aime », de partages de vos publications, de commentaires… Autant de données quantitatives qui ne mesurent finalement pas la qualité des messages publiés.
Si effectivement les outils peuvent être intéressants pour obtenir des informations quantitatives, ils sont de plus en plus remis en cause et critiqués. En effet, se montrer hyperactif sur Internet ne veut pas forcément dire être influent et publier des contenus pertinents et de qualités. Plus vous « parlez » sur les réseaux sociaux, plus votre score est élevé, peu importe ce que vous y racontez. Vous comprendrez alors qu’il peut être relativement simple d’avoir un score très haut…
Quelques exemples d’outils de mesure de l’influence en ligne
Le plus célèbre est Klout. L’outil scrute la taille de votre réseau sur les différents réseaux sociaux, la fréquence des messages publiés, les changements de statuts, le nombre de « j’aime » obtenus, de commentaires… Très simple à utiliser, il suffit de s’inscrire sur le site pour voir passer son score de 0 à 40 (la note maximale étant 100), simplement en connectant Klout à ses comptes Facebook, Twitter et autres. Sur Klout, on obtient des « Perks », sorte de cadeaux promotionnels distribués à ceux qui ont une certaine influence, contre un article de blog, un message positifs… Plus votre influence sera forte, plus vous aurez de chances de vous faire offrir des billets d’avion, des nuits d’hôtels et autres remises.
Si Klout est le plus populaire, il est loin d’être le seul. Tweet Level, par exemple, mesure l’influence sur Twitter exclusivement. TwentyFeet permet notamment aux entreprises de mesurer le résultat de leurs campagnes sur les réseaux sociaux et prend en compte Twitter, Facebook, YouTube, Bit.ly, MySpace et Google Analytics. On peut aussi citer Twitalyzer, Empire Avenue, PeerIndex, Twitter Grade, BackType…
Un phénomène qui prend de l’ampleur
Si le jeune Justin Bieber a obtenu la note maximale sur Klout (100), il ne s’agit pourtant pas seulement d’un nouveau gadget pour adolescents. Plus de 2 500 grandes entreprises se servent de ces résultats pour identifier et récompenser les utilisateurs les plus influents, les leaders d’opinion, qui pourront faire la promotion de leurs produits. En résumé, ceux qui ont les meilleurs résultats se voient offrir des avantages, mais cela pourrait également aboutir à l’obtention plus ou moins facile d’entretiens d’embauche, de rendez-vous galants etc.
D’ailleurs, le magazine américain Wired a publié l’article « What your Klout score really means ? » révélant que l’américain Sam Fiorella s’est fait recaler d’un entretien d’embauche pour ne pas avoir eu un score Klout assez important. Malgré ses qualifications et ses 15 ans d’expérience, l’entretien a été avorté peu de temps après qu’il n’ait pas su répondre à la question « Quel est votre score sur Klout ? » et que le recruteur ait découvert que le site lui attribuait le score de 34. Il a appris un peu plus tard qu’il avait été éliminé principalement à cause de ce chiffre trop faible, au profit d’un candidat dont le score était de 67.
Après cette aventure, Sam Fiorella a travaillé à l’amélioration de son score et a ensuite reçu beaucoup plus de propositions d’emplois et d’invitations. Il déclare à ce sujet « quinze ans de réalisations n’étaient pas aussi importants que ce score ».
Si ces outils peuvent parfois se rendre utiles, il faut tout de même faire attention à ne pas tomber dans une course à l’influence ne servant qu’à flatter l’égo de celui qui surveille son score. Si un chanteur populaire peut être au sommet de l’influence en ligne, bien au-dessus des prix Nobel, par exemple, il serait peut-être plus efficace que des critères plus fins et plus qualitatifs soient pris en compte. Ainsi, une « note d’influence » pourrait avoir une crédibilité plus forte.