Les jeunes quittent Facebook, qui perd ainsi son image d’indispensabilité. Alors que leurs aînés ont fait de la plateforme un outil central de communication et de partage – l’espace virtuel où il fallait être vu -, les générations Z et Alpha se tournent désormais vers d’autres réseaux, plus en phase avec leur mode de vie.

Un déclin progressif chez les jeunes générations
Un réseau associé à une génération plus âgée
C’est bien connu : les ados cherchent à se distinguer de leurs parents, « ringards », « boomers ». Un cycle éternel qui se répète une nouvelle fois.
L’une des premières raisons du déclin de Facebook chez les jeunes est ainsi la présence massive des générations plus âgées. Le réseau social, qui était initialement perçu comme une plateforme novatrice, est devenu le repère des parents (horreur !) et même des grands-parents, ce qui pousse la jeunesse à prendre ses distances.
Un contenu jugé peu attrayant
Contrairement à Instagram ou TikTok, qui misent sur des formats courts et immersifs, Facebook est encore majoritairement associé aux publications longues et ennuyeuses, aux groupes de discussion et aux contenus statiques. La génération Z, friande de formats dynamiques et instantanés, préfère les vidéos courtes et les interactions rapides, ce que Facebook peine à proposer malgré ses efforts.
L’absence de renouveau marquant
Alors que les plateformes concurrentes ne cessent d’innover (TikTok avec ses algorithmes de recommandation très affinés, Instagram avec ses stories et réels), Facebook est perçu comme un réseau en stagnation. Les jeunes utilisateurs se lassent d’une interface qui évolue peu et qui n’intègre pas suffisamment de nouveaux modes d’interaction.
Une image dégradée
Les affaires répétées concernant la gestion des données personnelles et la désinformation ont également terni l’image de Facebook. On se souvient notamment de l’affaire « Cambridge Analytica », qui avait fait les choux gras de la presse, mais également des multiples auditions de Mark Zuckerberg par la Justice et le Sénat Américain.
Les jeunes, plus sensibles à la protection de la vie privée, se montrent méfiants face aux pratiques du groupe Meta. Selon une étude de Data Reportal (2024), la proportion de moins de 25 ans sur Facebook représente à peine ¼ des abonnés à la plateforme.
Par ailleurs, la monétisation accrue des contenus et l’omniprésence de la publicité peuvent également repousser les jeunes utilisateurs. Ils recherchent des expériences plus épurées et organiques, tandis que Facebook est perçu comme une plateforme de plus en plus commerciale.
Quelles plateformes attirent la génération Z ?
TikTok : l’incontournable du contenu viral
TikTok est devenu la plateforme phare des jeunes, avec un format vidéo court et un algorithme très efficace qui capte rapidement l’attention des utilisateurs. En France, le réseau comptabilise plus de 17 millions d’utilisateurs actifs par mois, dont une majorité de jeunes.
En plus du divertissement, TikTok s’impose comme un véritable moteur de recherche pour la jeunesse. De nombreux utilisateurs s’y tournent pour s’informer sur des sujets variés, des tendances aux actualités, en passant par des conseils pratiques.
Malgré ses déboires propres (menaces d’interdiction, polémiques sur la santé mentale, contenus illicites, influence de la Chine…), TikTok résiste à tout et continue d’attirer de nouveaux utilisateurs.
Instagram : l’alternative visuelle et interactive
Instagram, avec ses stories, reels et publications interactives, reste une plateforme de choix pour la génération Z. Avec plus de 26,5 millions d’utilisateurs actifs en France, il continue de croître, notamment grâce à ses outils de création et à ses formats engageants.
Avec TikTok et Instagram, le scroll infini est ainsi devenu la nouvelle normalité des réseaux : le gavage de contenus est attendu par les utilisateurs qui souhaitent toujours plus, plus vite. Et les jeunes les premiers. Dans ce domaine, Facebook est loin derrière ses concurrents.
Snapchat et BeReal : la spontanéité avant tout
Snapchat, toujours populaire pour son aspect éphémère et ses filtres interactifs, attire les jeunes qui recherchent une communication plus informelle… et des contenus pour adultes, interdits à leur âge, facilement accessibles sur la plateforme.
BeReal, de son côté, mise sur l’authenticité en proposant une publication quotidienne sans filtre. Se construisant en opposition aux autres réseaux, BeReal est un vent de fraicheur pour de nombreux utilisateurs désabusés par les plateformes traditionnelles.
Facebook peut-il disparaître ?
Malgré la fuite des jeunes, Facebook reste un acteur majeur du secteur avec plus de 35 millions d’utilisateurs actifs en France. Sa force réside dans les groupes de discussion, le partage d’informations locales (communal, associatif, familial) et son utilisation par les entreprises et institutions.
Toutefois, pour continuer à exister, Facebook devra repenser son modèle et proposer des innovations réelles pour s’adapter aux nouvelles attentes des utilisateurs. Son avenir dépendra de sa capacité à se renouveler face à une concurrence toujours plus agile. L’intégration de nouvelles fonctionnalités inspirées de TikTok ou d’Instagram pourrait être une piste, tout comme une meilleure protection des données pour regagner la confiance des jeunes internautes.
Les récentes déclarations de Mark Zuckerberg, qui souhaite ramener Facebook à ses origines, pourrait-elle lui conférer une nouvelle jeunesse ? Rien n’est moins sûr.