Ce samedi 12 mars est la Journée mondiale contre la cyber censure. Aussi appelée Journée Internationale pour la liberté d’expression sur Internet, elle a été créée par Reporters Sans Frontières en 2008.
L’objectif premier de cette journée est de dénoncer la cybercensure dans le monde, celle qui empêche des citoyens d’accéder à Internet, ou qui muselle la parole en ligne. En effet, le contrôle d’Internet par les organisations gouvernementales ne cesse de croître et la répression des internautes et en particulier des blogueurs peut se faire de manière particulièrement violente.
Les fermetures de sites sont en constante augmentation et les opposants aux régimes qui s’exprimeraient sur Internet, ou organiseraient des manifestations en ligne, peuvent être très sévèrement punis.
La censure sur Internet en pratique
Souvenez-vous de Raël Badawi, ce jeune blogueur saoudien militant pour la liberté d’expression dans son pays et condamné à 1000 coups de fouet pour « insulte à l’islam » en dépit de la pression internationale pour faire annuler cette sentence insensée.
Pendant les manifestations du Printemps Arabe, on est allé jusqu’à parler d’une révolution 2.0 tant le rôle des réseaux sociaux a été crucial dans les évènements. Mais la quasi-totalité des pays concernés a déployé autant que possible son arsenal de mesure de censure. En Egypte, par exemple, le régime a bloqué Twitter, Facebook, Google et YouTube pour empêcher la diffusion des informations en temps réel et contenir les contestations. Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres…
Essayez de trouver des informations sur les évènements de la place Tien-an-Men depuis un moteur de recherche en Chine. Les résultats ont plus de chances de concerner des informations pratiques ou touristiques que des informations politiques sur les évènements mondialement connus. Tandis que cette même recherche en Europe, par exemple, vous présentera des résultats essentiellement axés sur les évènements de 1989.
Mais n’allez pas croire pour autant que l’Occident n’a rien à se reprocher en matière de liberté d’expression sur Internet !
Les sorts réservés à Edward Snowden ou Julian Assange, ou encore les pratiques révélées de la NSA, ne sont que des exemples des menaces contre les libertés publiques.
L’état des lieux de la censure sur Internet
Chaque année, Google publie son rapport de transparence présentant les demandes d’informations formulées par les différents gouvernements. Et d’année en année, les demandes de retraits de contenus formulées par des États sont un peu plus nombreuses, atteignant un niveau alarmant. Si ces demandes sont souvent formulées au motif de la sécurité nationale ou de la diffamation, elles sont parfois abusives et Google se réserve le droit de ne pas y répondre favorablement.
Dans son dernier rapport, les États-Unis et la France se tenaient en premières position des pays les plus demandeurs d’informations concernant les internautes !
Le site de Google présentant la transparence des informations dans le monde est une vraie mine d’informations pour avoir un aperçu des demandes gouvernementales de suppression de contenu ou encore de renseignements sur les utilisateurs.
Découvrez les interruptions récentes et en cours du trafic vers les produits Google.
La Chine reste le pays le plus sévère pour les internautes usant de leur droit à la liberté d’expression en ligne. Nombre de blogueurs et journalistes sont aujourd’hui derrière les barreaux pour avoir voulu informer leurs concitoyens.
Cette journée mondiale vise donc à dénoncer la censure exercée par les gouvernements et réclamer plus de libertés sur Internet. Reporters Sans Frontières appelle donc à manifester dans 9 pays ennemis du net (bien qu’ils ne se limitent pas à 9 dans les faits): Chine, Birmanie, Corée du Nord, Cuba, Egypte, Erytrée, Tunisie, Vietnam, Turkménistan.
Plus d’un tiers des internautes dans le monde aurait un accès à Internet limité et censuré notamment à cause de gouvernements liberticides. Notons que ces filtrages ne seraient pas possibles sans l’aide de sociétés privées spécialisées qui vendent leurs services aux dictatures.
En France, cette journée est l’occasion de se renseigner sur les libertés et conditions de navigations propres à chaque pays du monde, mais aussi de regarder de plus près ce qu’il se passe en France. Pour en savoir plus sur nos lois qui encadrent les usages d’Internet, l’organisation La Quadrature du Net se donne pour mission d’étudier et d’expliquer à tous le sujet, en défendant les droits et libertés des internautes.