La magie d’Internet n’a pas de limite. Aujourd’hui nous allons voir qu’il est possible de rester en contact avec ses proches depuis l’au-delà, de laisser une trace indélébile de notre passage sur Terre bien après le trépas et tout cela grâce à Internet bien sûr !
Les cimetières virtuels
Ces sites sont de véritables espaces de commémoration en ligne. Tels un cimetière « traditionnel », vous pouvez vous balader dans les allées et ouvrir les pages interactives des défunts, remplies de leurs nom, prénom, photos, livre d’or, arbre généalogique, textes d’hommages, présents virtuels, espace de recueillement… Rendez ainsi hommage à vos proches, aux animaux, ou aux célébrités disparus où que vous soyez sur Terre. On est bien loin des habituelles allées de marbre ! Postez un poème en l’honneur de votre grand-tante, découvrez les photos de son enfance ou offrez-lui des bougies et autre fleurs virtuelles (c’est ainsi que les sites sont financés). Mais pour se promener dans les allées de ce cimetière numérique et honorer la mémoire de l’être cher, il faudra avant tout devenir membre.
Les coffres-forts numériques
Pas encore mort ? Quelle veine ! Profitez-en pour créer vous-même votre coffre-fort numérique (on n’est jamais mieux servi que par soi-même, n’est-ce pas ?). C’est très simple et ça peut reserver de drôles de surprises à la descendence. Vous pouvez donc stocker sur un site toutes les données que vous souhaitez transmettre : photos, vidéos, petits secrets, paperasse, identifiants, messages en tous genres… Tel un album de votre vie dans lequel vous auriez soigneusement rangé tout ce qui compte pour vous, jusqu’à ce que la clé du coffre soit remise au destinataire de votre choix, après votre grand saut, qui aura alors peut-être la surprise d’apprendre que vous aviez un compte Meetic.
Sinon, il existe aussi des sites Internet proposant des services de messageries post-mortem, qui permettent au défunt de vous envoyer des messages de l’au-delà. Comme ça, sachez que si votre belle-mère veut vous pourir la vie éternellement, et bien elle le pourra ! Sinon, ça peut aussi permettre d’envoyer des tweets et autres statuts Facebook, des vœux d’anniversaire, des blagues et toutes sortes de messages depuis la tombe. Evidemment, inutile de vous préciser qu’il faut être prévoyant et rédiger tous ces messages avant de trépasser…
Le QR Code tombal
Outre-Manche, quelques sociétés ont décidé de relooker les stèles à la mode actuelle en y aposant un QR Code en plastique ou en marbre. Un flash de smartphone plus tard, le visiteur est redirigé vers un site Internet contenant la biographie, les photos, ou les commentaires du défunt. So 2.0 !
Et Facebook alors ?
Evidemment le géant des réseaux sociaux ne fait pas exception et propose la fonction In memoriam, activable par les administrateurs du site, à la demande des proches du défunt. Le profil est ainsi « gelé », empêchant le diparu de se retrouver dans les suggestions d’amis par exemple… Les vivants, eux, peuvent tout de même publier sur son Mur, se transformant ainsi en cimetière virtuel. Plus sérieusement, on ne pense généralement pas à ce genre de chose, mais sachez que votre profil peut être supprimé après votre disparition. Soit l’un de vos proche connait votre identifiants de connexion et peut alors gérer la suppression de votre compte comme vous le feriez, soit un ou plusieurs de vos « amis » Facebook doivent fournir un avis de décès au site.
Le .RIP
Vous savez sans doute que dans peu de temps, le monde des noms de domaine sera chamboulé par l’arrivée des nouvelles extensions génériques. Depuis le 13 juin, la listes des demandes d’extensions est publique et on découvre que 3 organismes ont demandé l’obtention du .RIP. Parmi les trois concurrents, la start-up canadienne Momentous souhaite utiliser cette extension pour ouvrir de nouvaux espaces de deuil et de discussions, pour « garder vivants les souvenirs » des défunts du monde entier. Ainsi, il serait possible de créer une page michaeljackson.rip pour créer un lieu de culte virtuel à l’artiste. Vivement le .LOL, qu’on rigole un peu plus !
Aussi surprenantes que ces pratiques puissent être, elles sont révélatrices d’un certain changement sociétal dans le processus de deuil. Elles se superposent à la gestion traditionnelle de la mort et ses rituels très figés, peut-être perçus comme vides de sens ou insuffisants pour beaucoup. Avec ces outils, on assiste à une personnalisation du deuil et des rituels, le partage et l’échange sont valorisés. Pour certains, c’est la possibilité de vivre son deuil différemment qui est offerte, pour d’autres, une procédure malsaine pouvant pousser au voyeurisme. Moi je pense que le bien-fondé de la pratique n’a pas à être jugé, ce sont simplement de nouveaux éléments à prendre en compte et à prévoir, de nouvelles possibilités à envisager. Allez, à la semaine prochaine avec un sujet plus fun !