Avril 2025, le Portugal et l’Espagne ont vécu une journée sans Internet. Pas par choix. À cause d’une panne massive d’électricité, des dizaines de millions de foyers et d’entreprises se sont retrouvés soudainement déconnectés, dans l’incertitude et désemparés.
Un retour brutal à un monde « hors ligne » qui interroge : que se passe-t-il vraiment quand Internet s’arrête ? Sommes-nous prêts à vivre sans le réseau qui structure désormais presque tous les aspects de notre quotidien ?

Quand tout s’arrête : une panne qui dépasse le courant
Au départ, ce n’était « qu’une » coupure d’électricité. D’ampleur internationale, mais juste une coupure de courant. Dans les premiers temps, les autorités évoquent une surcharge du réseau ibérique couplée à une anomalie d’origine météorologique. Peu nous importe.
Car, rapidement, Portugais et Espagnols découvrent avec horreur que l’électricité a emporté Internet avec elle : plus de signal Wi-Fi, d’appels VoIP, de paiements en ligne ou encore de GPS. Plus non plus de domotique, d’assistance numérique, de télévision connectée, ni mille autres choses du quotidien.
Même les réseaux mobiles sont affectés, les antennes relais dépendant de l’alimentation électrique. Le digital n’est pas immatériel : sans électricité, Internet tombe aussi.
Une panne de courant, c’est concret. Une panne d’Internet, c’est un silence.
Une journée sans Internet : une expérience involontaire, mais révélatrice
Cette journée sans Internet, des Portugais et des Espagnols de tout âge l’ont racontée sur les réseaux… une fois de retour en ligne. Les témoignages évoquent à la fois le stress, l’inconfort, mais aussi une certaine prise de recul.
- Les pros déconnectés : sans e-mails, ni messagerie instantanée ou appels en visio, les salariés ont improvisé. Certains se sont remis à utiliser le téléphone fixe ou… le papier.
- Les commerces bloqués : terminaux de paiement inopérants, commandes impossibles, livraisons suspendues.
- Les foyers en silence : plus de streaming, plus de notifications. Le retour des discussions de salon et des jeux de société.
Une situation d’autant plus inconfortable que certains se sont retrouvés piégés – par exemple, dans des cabines d’ascenseur à l’arrêt – sans aucun moyen de contacter le monde extérieur. Sans parler des feux de circulation, éteints partout, qui ont causé des bouchons gigantesques dans tout le pays. Enfin, dans les deux pays touchés. Les heures ont dû sembler très longues, pour ces malheureux…
Pour beaucoup, cette journée a mis en évidence à quel point Internet est devenu indispensable. Ou, pour le dire autrement : à quel point nous sommes devenus dépendants.
Ce que nous révèle cette panne : 5 choses qu’on oublie quand tout fonctionne 😬
On a tendance à croire qu’il y a toujours des solutions, que si ceci est en panne, nous pourrons compenser avec cela. Or, la réalité est beaucoup plus nuancée.
1/ Internet dépend du courant
On l’oublie souvent, mais chaque serveur, chaque box, chaque antenne doit être alimenté en électricité. En cas de coupure prolongée, même les systèmes de secours (groupes électrogènes, batteries) ne suffisent pas longtemps.
2/ Les services dématérialisés sont très… matériels
Cloud, télétravail, e-santé, banque en ligne : toutes ces merveilles reposent sur des infrastructures physiques réparties dans le monde entier.
3/ Le mobile ne sauve pas toujours la mise
Même avec un téléphone chargé, sans réseau 4G ou sans Wi-Fi disponible, on se retrouve vite bloqué. Sans parler des applications qui exigent une connexion pour s’ouvrir (réseaux sociaux, GPS, santé connectée…).
4/ Les réflexes numériques sont devenus automatiques
Vous avez déjà essayé de lire une recette de cuisine en ligne pendant une coupure ? Ou de vérifier vos horaires de train sans réseau ? Ces gestes simples deviennent des casse-têtes.
5/ Une déconnexion peut aussi apaiser… un peu
Certains témoignages parlent de « soulagement », de « ralentissement bienvenu », voire de « parenthèse » bienvenue dans un monde ultra-connecté. Une forme de pause forcée.
Alors qu’Internet et les réseaux sociaux sont de plus en plus critiqués pour le développement de comportements addictifs, les pauses numériques gagnent en popularité. Elles deviennent des moments privilégiés pour se recentrer, renouer avec son environnement, au propre comme au figuré. Un nouveau rythme salué par les professionnels, qui y voient un temps nécessaire pour protéger la santé mentale des utilisateurs.

Et chez vous, que se passerait-il en cas de panne Internet ?
Une coupure aussi massive en plein cœur de l’Europe est excessivement rare, mais pas impossible.
Et elle soulève des questions très concrètes :
- comment accéder à vos documents importants ?
- avez-vous une alternative pour contacter vos proches ou vos collègues ?
- vos systèmes domotiques (alarmes, thermostats) peuvent-ils fonctionner hors ligne ?
- savez-vous comment redémarrer votre box ou modem si besoin ?
Il ne s’agit pas de devenir survivaliste, mais de prendre conscience que le numérique ne fonctionne pas en vase clos. Un petit guide papier avec les numéros utiles, une batterie externe chargée, ou un plan B pour le travail peuvent faire la différence.
Une opportunité pour mieux penser la résilience numérique
Du côté des fournisseurs d’accès et des acteurs du numérique, ces incidents sont aussi des alertes utiles.
Ils permettent de tester :
- la robustesse des infrastructures (systèmes de secours, redondance réseau),
- la clarté de la communication client en cas de crise,
- la capacité des services à fonctionner en mode dégradé.
Enfin, ces événements sont l’occasion pour chacun de réfléchir à sa propre hygiène numérique. Peut-on prévoir une alternative à chaque outil 100 % en ligne ? Peut-on former les utilisateurs à plus d’autonomie numérique ?
Une journée sans Internet : et si c’était salutaire, parfois ?
L’expérience portugaise et espagnole n’a rien d’anecdotique. Elle nous rappelle une chose essentielle : Internet est un outil puissant, pas magique. Il s’ancre dans un monde physique, vulnérable, interdépendant.
Et peut-être qu’une journée sans réseau, une fois de temps en temps, pourrait nous permettre de reprendre le contrôle, de mieux comprendre les mécanismes derrière l’écran, et même de redécouvrir d’autres formes de lien.
Alors… et si on débranchait tout, volontairement, juste une journée ?