Alors qu’il fête ses 10 ans d’existence en France, YouTube a décidé de frapper un grand coup en revoyant les conditions de monétisation des vidéos. De nouvelles mesures qui sont loin de faire le bonheur des Youtubers mais qui vont satisfaire les annonceurs de la plateforme.
Entre 2015 et 2016, en France, YouTube a observé une augmentation de 40% du temps passé sur la plateforme, avec une explosion des chaînes dépassant le million d’abonnés. Une expansion qui attire les marques, de plus en plus nombreuses à sponsoriser les vidéos de grands Youtubers. Mais récemment, l’entente entre les annonceurs et le géant des vidéos a été quelque peu perturbé. Le Youtuber star suédois PewDiePie, controversé depuis plusieurs mois, a fini d’agacer ses sponsors et Youtube avec ses contenus jugés antisémites. Menacé par la fuite de ses annonceurs, qui se sont retrouvés associés à ce genre de vidéos, YouTube a réagi en excluant le Youtuber de son programme « prefered advertising », permettant au créateur d’obtenir les meilleurs accords avec les marques. Avec ses 55 millions d’abonnés, PewDiePie peut encore diffuser ses vidéos et recevoir de l’argent mais sa chaîne n’est plus mise en valeur pour des partenariats publicitaires.
Les nouvelles règles
Et YouTube ne s’est pas arrêté là pour rassurer ses annonceurs. Il a ainsi mis à jour l’ensemble de ses règles concernant la monétisation des vidéos hébergées. Un nouveau règlement qui vise avant tout à éviter la diffusion de vidéos haineuses ou violentes, associées à des images de marque, mais qui remet également en cause d’autres contenus. Ne seront donc plus monétisés :
- Les contenus à caractère sexuel, même humoristiques ou présentant des scènes de nudité partielle. Norman fait des vidéos, célèbre Youtuber français, s’est d’ailleurs fait censurer une de ses vidéos en mars dernier, car elle contenait une scène d’amour pourtant tournée en dérision. Agacé, il en a même fait une version censurée où il explique la décision de YouTube.
- Les contenus violents
- Les contenus avec un langage inapproprié, vulgaire ou blasphématoire
- Les contenus faisant la promotion de substances illicites
- Les contenus traitant d’événements sensibles ou controversés (politiques, écologiques, sociaux…)
C’est particulièrement ce dernier type de contenu très large qui a fait bondir les créateurs de la plateforme. Jugeant cette décision comme une atteinte à leur liberté d’expression, ils ont été nombreux à dénoncer ce règlement sur leur chaîne, à l’image du Youtuber américain Philip de Franco avec ses 5 millions d’abonnés.
Même si ces contenus sensibles pourront encore être postés, ils ne seront plus monétisés et cela pose problème à ceux qui ont fait de YouTube leur métier. Le hashtag #YouTubeIsOver a même vu le jour sur Twitter et a témoigné de l’inquiétude des Youtubers. À savoir que ce nouveau règlement annule également la monétisation des vidéos des chaînes ayant moins de 10 000 abonnés, en raison de nombreux abus. Une décision difficile pour les nouveaux créateurs mais qui tend à sanctionner ceux qui touchaient de l’argent avec la diffusion de vidéos déjà existantes.
YouTube face à la concurrence de Facebook et Instagram
YouTube ne craint pas pour le moment la grogne de ses utilisateurs mais pourrait redouter la percée de ses concurrents. En effet, avec le développement de ses vidéos en 360° ou en direct, Facebook pense à instaurer la monétisation de ses Live avec des publicités insérées en milieu de vidéos. Par la suite, cela pourrait même s’étendre à l’ensemble des contenus vidéo du réseau social. Les Youtubers y verront alors peut-être une porte de sortie bien avantageuse.
Avec Instagram, Mark Zukerberg vient concurrencer un autre acteur de la vidéo, Snapchat, avec ses « Insta stories » reprenant le principe du fil de vidéos disponible durant 24h. Des publicités pourraient donc également venir s’incruster sur ces contenus, mais là, aucun revenu ne pourra être versé aux utilisateurs et créateurs.