Roselyne Bachelot l’a annoncé fin octobre, à partir de janvier 2011, les consultations en ligne seront possibles avec votre médecin généraliste. L’occasion de revenir sur cette relation si particulière entre Internet et la médecine.
Il y a 50 ans, les médecins donnaient peu d’informations à leurs malades et ceux-ci contestaient rarement leurs décisions. Avec Internet, les gens manifestent plus d’intérêt pour les questions de santé et interviennent davantage dans les décisions les concernant. Ainsi, 71% des Français cherchent des informations médicales sur Internet et plus de la moitié de ces personnes le font pour s’informer sur une maladie, des symptômes, un diagnostic qui les concernent.
Beaucoup vont aussi y chercher, après consultation, des informations sur leur problème ou leur traitement.
Le téléphone portable est également devenu un élément essentiel de la vie des patients. Il peut en effet être utilisé pour géolocaliser la pharmacie la plus proche, rappeler l’horaire de prise de prise de médicaments ou la date à laquelle renouveler son ordonnance…
De la recherche d’informations…
«Au secours, j’ai un taux de prothrombines de 35%, vais-je être noyé dans mon propre sang ?», «Tiens, j’avais jamais remarqué ce grain de beauté là au creux du coude, c’est le début d’un cancer ?», «Si je mange de l’herbe, vais-je perdre assez de poids pour juin ?»… On est tous tentés de soigner nos petits, et même gros, bobos en restant dans notre salon, bien installés devant Doctissimo.
Les sites de santé ont émergés en France à partir des années 2005-2006 et n’ont cessé de se développer. Un sondage du Cnom a révélé que les médecins sont encore la principale source d’information des Français en matière de santé (89%), devant Internet (64%) qui arrive à égalité avec les proches, mais tout de même devant les pharmaciens (63%).
Mais heureusement, selon l’enquête nationale intitulée « Premier baromètre de l’information santé » réalisée auprès des patients, médecines et pharmaciens, les institutions et le ministère de la santé conservent le plus fort taux de crédibilité. En effet, 51% des patients jugent que les informations mises à leur disposition par ces organismes sont « très fiables ». Environ 60% des patients jugent « moyennement fiables » les informations de la Toile.
Il y a donc peu de chance qu’Internet se substitue aux consultations traditionnelles, même si les sites spécialisés en santé attirent des patients qui estiment que leur médecin ne leur donne pas assez d’explications, ou qui souhaitent avoir un second avis.
… à l’autodiagnostic en ligne
A l’heure du numérique, on n’ouvre plus les dicos médicaux, on cherche nos réponses sur Google, qui sont parfois mauvaises. Cela a créé un nouveau phénomène : les patients arrivent chez leur médecin avec leur propre diagnostic, déjà persuadés de savoir ce qu’ils ont. Et il est parfois difficile de faire changer d’avis un patient ayant une information erronée. Toute information de mauvaise qualité étant potentiellement dangereuse, il faut bien faire la différence entre les forums où l’on raconte des expériences personnelles et les sites faits par des professionnels ou des médecins.
Pour être sûr d’obtenir des informations fiables, vous pouvez vous assurer de consulter des sites certifiés HON (Health On the Net), par exemple. En installant cet outil dans la barre d’outils de votre navigateur, vous saurez instantanément si le site que vous visitez répond à des critères de qualité que l’auteur s’engage à respecter. Cette certification sert à sensibiliser les internautes sur la diversité de la qualité de l’information et les aide à identifier les plus fiables.
Mais, le système de santé fonctionnerait-il mieux si les patients pouvaient identifier eux-mêmes les maladies dont ils souffrent, à l’aide d’Internet ? Il résulte d’une étude que les amateurs de nouvelles technologies semblent prêts à passer à l’autodiagnostic via Internet pour éviter de se rendre chez le médecin.
Aux Etats-Unis, où le système de santé est moins facile d’accès, des solutions de ce type sont clairement avancées avec des portails d’informations sur la santé permettant aux américains de faire leur autodiagnostic. Depuis 2007, le site Medgle permet aux internautes américains de rechercher des maladies à partir de leurs symptômes et de diverses informations concernant le sujet atteint. La recherche peut même se faire à partir d’une interface graphique représentant le corps humain (chair à l’air), les différents organes et les types de symptômes. Et hop, le site vous propose les maladies dont vous êtes potentiellement atteint. Il est sensé avoir une vocation purement informative et éducative, pourtant on n’est pas très loin de l’autodiagnostic médical…
Les consultations en ligne en 2011
En France, pour être certain d’être bien soigné sans bouger de son canapé une webcam va bientôt suffire. En effet, pour résoudre « le problème de la démographie médicale », Roselyne Bachelot a décidé le 19 octobre 2010 d’autoriser les consultations en ligne début 2011. Concrètement, le médecin va pouvoir suivre en ligne l’état de ses patients, par mail ou webcam. Après la téléconsultation, le patient et/ou pharmacien recevra l’ordonnance par mail ou courrier. Le tarif habituel sera appliqué.
La téléconsultation doit permettre de contrer la désertification médicale dont souffrent certains départements. Mais des conditions strictes seront à respecter, elle devra notamment être précédée ou suivie d’un examen médical.
De leur côté les médecins craignent des risques de mauvais diagnostic ou mauvaises prescriptions, mais aussi une mise à mal de la relation qu’ils entretiennent avec leurs patients. Et ces craintes ne seront pas apaisées par les sites permettant aux internautes de juger de l’efficacité des traitements qui leurs sont prescris.
Notez les médicaments en ligne
Une société néerlandaise vient de lancer la version française d’un site permettant de noter les médicaments selon plusieurs critères. Meamedica.fr permet aux patients de donner leur avis sur les médicaments, après contrôle des publications par un pharmacien pour garantir la qualité du site. Pour noter un médicament, plusieurs critères : son « efficacité », ses « effets secondaires », la « gravité des effets secondaires », sa « facilité d’emploi » et la « satisfaction générale ». L’objectif est d’apporter un soutien au patient grâce à l’avis d’autres utilisateurs, ce qu’on ne trouve pas dans les brochures ou notices d’emploi. Un service à double tranchant si l’on considère qu’ainsi, la légitimité du médecin pourrait être remise en cause s’il prescrit un médicament que certains internautes auraient mal noté. En effet, en sachant que l’efficacité d’un remède dépend d’une multitude de critères et est propres à chaque patient, il est difficile de pouvoir se fier à l’avis de quelques internautes.
La consultation traditionnelle a une dimension humaine que n’offre pas le web. Plus le problème est complexe, plus l’interaction médecin-patient est nécessaire. Mais le rôle d’Internet dans la relation patients-médecins pourrait s’accroitre si les médecins venaient à ouvrir leur propre blog ou site Internet, les patients auraient ainsi la garantie de disposer d’informations fiables. Bientôt, il suffira de remplir quelques champs pour qu’un site nous dise précisément de quoi nous souffrons, pourquoi et comment nous soigner. En attendant que les mesures pour moderniser la relation entre Internet et nos médecins soient misent en place, au moindre doute concernant votre santé, n’hésitez pas à consulter votre médecin et à n’utiliser Internet qu’en tant que complément d’informations. N’oubliez jamais que tout ce que l’on peut lire sur le web n’est pas à prendre au pied de la lettre et peut être écrit par n’importe qui.
1 commentaire
Très intéressant – Les hypochondriaques vont de plus en plus se régaler quoi !
C’est vrai que les faux diagnostics sont à craindre, mais pas plus qu’avec un dictionnaire médical où l’avis de sa concierge.
Evidemment, pas de conseil pour installer la fameuse barre anti bourrage de mou sur Mac. Ah la la !
Toujours très agréable et instructif de vous lire
Ciao