Avoir des milliers de fans sur Facebook, des millions de vues sur YouTube, des millions de followers sur Twitter… quelle marque n’en a jamais rêvé ? Pour certaines, ce rêve est une réalité. Bien sûr, les marques très populaires de l’alimentaire, du tourisme ou du divertissement, par exemple, sont suivies partout dans le monde par des millions de personnes.
Mais il arrive de plus en plus souvent que les marques, quelle que soit leur popularité, gonflent un peu ces chiffres. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pris beaucoup d’importance pour les marques, et une « course aux fans » s’est engagée. Mais sachez que pour avoir beaucoup de fans, de followers ou multiplier les vues sur YouTube, il faut du temps et du travail… beaucoup de travail… Alors pour aller plus vite, certaines sociétés vous proposent d’acheter des fans (ou followers, vues…).
Non vous n’avez pas la berlue, j’ai bien dis « acheter des fans ».
Comment on fait ?
Pour acheter des fans Facebook (entre autres, car tous les réseaux sociaux sont concernés), il n’y a rien de plus facile. Il suffit de se rendre sur l’un des nombreux sites qui proposent ce type de services et de choisir sa formule :
- 10 000 followers Twitter pour 75 €
- 500 fans Facebook pour 23 €, 5 000 pour 97 €
- 500 abonnés YouTube pour 18 €
- 2 000 « +1 » sur Google pour 300 €
- …
Vous l’aurez compris, les chiffres affichés sur les réseaux sociaux sont susceptibles d’être manipulés. L’achat de fans est la méthode la plus courante pour gonfler artificiellement sa communauté car elle est rapide, facile et peu coûteuse.
Qui sont ces faux fans ?
C’est assez difficile à dire précisément car il n’existe pas d’informations officielles sur les méthodes employées par ces agences. Dans la plupart des cas, les fans achetés sont des personnes fictives qui ne présentent aucun intérêt pour la marque. Il peut s’agir de robots ou d’internautes asiatiques payés au « like », de fausses communautés créées dans le seul but d’augmenter le nombre de fans de la page…
Certaines agences s’appuient sur une base de données d’utilisateurs, créent de faux comptes, ou procèdent à des clickjacking douteux. Le site du Publigeekaire donne d’ailleurs une excellente analyse d’un bel exemple de campagne de clickjacking.
Les fans achetés ne sont pas toujours inactifs : parfois, ils postent des publicités pour d’autres pages, des pétitions, des articles, écrits la plupart du temps dans une langue étrangère. Il s’agit alors pour le community manager de la page de veiller à supprimer ces contributions indésirables pour ne pas se retrouver avec une page fourre-tout sans intérêt pour les quelques « vrais fans ».
Il existe aussi un système d’échange de « like ». Toujours sur ces sites d’achats de fans, il suffit d’inscrire sa page et d’aimer des pages proposées par le site pour recevoir, quelques temps après, des « like » en échange.
En ce qui concerne les clics sur les boutons « +1 » des sites de Google ou le nombre de vues sur YouTube, par exemple, certaines société peuvent utiliser des robots cliqueurs (très facilement détectés par les algorithmes de Google), ou alors, des utilisateurs réels disposant d’un compte Google (quasi indétectable par Google).
Pourquoi acheter des fans ?
Évidemment l’objectif de la manœuvre est clair : avoir plus de fans. Mais si avoir beaucoup de fans qualifiés, qui participent et interagissent est le rêve de tout administrateur de page, on peut se demander à quoi peuvent bien servir ces « faux fans » qui ne portent aucun intérêt à la page en question et ne participent pas ?
À quoi bon gonfler les chiffres de sa page si ces fans ne servent à rien ? J’ai quelques idées sur le sujet :
- La pression du boss : lorsque le community manager doit rendre des comptes, le nombre de fans peut alors être le chiffre le plus important aux yeux du patron. Alors qu’il n’en est rien. Une page à plusieurs milliers ou millions de fans non qualifiés ne sert à rien.
- Le complexe de supériorité : le besoin de dépasser ses concurrents en jouant à celui qui a la plus grosse communauté.
- Attirer des fans qualifiés : l’achat de fans peut servir à rassurer les internautes en provoquant un effet « wahou ». Les internautes sont rassurés par les pages ayant beaucoup de fans, qu’ils voient comme un gage de qualité et se disent « wahou, ils sont très connus, tout le monde les aime, ils doivent être bien ».
- Avoir plus de poids : cette crédibilité faussement acquise pourrait permettre à certains de gonfler leurs tarifs publicitaires (sur leurs sites), d’accroitre la valorisation de l’entreprise en cas de rachat, par exemple, ou encore de faciliter l’élaboration de partenariats commerciaux. Mais je doute tout de même que cet argument souvent ait un réel impact.
- Être mieux référencé : le poids des communautés peut être pris en compte par les moteurs de recherche, en particulier avec les « +1 » de Google (une façon pour Google de booster son réseau social Google+). En revanche, la taille d’une communauté Facebook ou Twitter, entre autres, n’a pas d’impact sur le référencement…
Vous l’aurez compris, gonfler artificiellement sa communauté ne sert à rien d’un point de vue qualitatif. Vous pouvez avoir le plus grand nombre de « like » possible, si ces fans n’interagissent pas régulièrement avec votre page, vos publications n’apparaîtront plus dans le Fil d’actualité de vos « vrais fans » et vous passerez inaperçu, vos achats n’auront servis à rien.
Comment démasquer les marques qui achètent des fans ?
La pratique est malheureusement de plus en plus courante. Si les agences qui vendent des fans garantissent la plus grande discrétion, il n’est cependant pas impossible d’identifier une marque qui achète des fans. Sur Facebook par exemple, il suffit parfois de jeter un œil aux chiffres affichés :
- Les personnes qui en parlent : peu de personnes qui en parlent alors que le nombre de fans est très important ? C’est louche.
- Les fans : un nombre anormal de fans asiatiques sur une page francophone, par exemple, c’est louche. Idem si la tranche d’âge la plus représentée sur la page ne correspond pas du tout au public cible.
- Une croissance inexplicable : une croissance irrégulière du nombre de fans et qui ne s’explique pas par une action particulière sur la page, c’est louche aussi.
Les risques
Comme vous venez de le voir, l’achat de fans peut se constater assez facilement. Le premier risque, si vous êtes démasqué, est d’être montré du doigt et d’entacher votre réputation. Plusieurs exemples, comme le cas d’Orangina en 2012, devraient suffire à dissuader quiconque serait tenté…
Ensuite, d’un point de vue statistique, les pages suivies par des communautés fictives génèrent de faux rapports. Les analyses sont alors tronquées et il est impossible d’évaluer l’efficacité réelle des pages, les vraies contributions enregistrées, leur véritable portée…
A plus grande échelle, ces procédés portent gravement atteinte aux médias sociaux, en faussant les statistiques, en les décrédibilisant. Cela constitue aussi un viol des règles de base des médias sociaux, conçus pour encourager les échanges réels.
En décembre 2012, une société de vente de fans a dû cesser ses activités à la demande Facebook. Il est de plus en plus mal vu par les réseaux sociaux de construire une communauté sur de faux fans.
Facebook, par exemple, préfère que l’acquisition de fans se fasse « à la loyale », par des procédés traditionnels, et que les communautés soient sérieuses pour encourager les interactions réelles. De plus en plus, les réseaux sociaux se lancent dans la traque aux faux profils et aux faux fans sur leurs plateformes. YouTube a déjà sanctionné des maisons de disques soupçonnées de truquer le nombre de vues de certaines vidéos, et Twitter procède en ce moment même à un grand nettoyage.
En août 2012, Arthur Kanas, directeur d’une agence médias sociaux, a voulu dénoncer ces pratiques en créant une fausse marque : « Planète Mars kebab : le kebab n°1 sur Mars ! ». En seulement 2 semaines, avec un budget de 700 €, sa vidéo amateur sans intérêt a enregistrée plus de 100 000 vues sur YouTube (pour seulement 24 votes des spectateurs) et son compte Twitter, plus de 15 000 abonnés… Une façon originale de dénoncer le « marché noir des réseaux sociaux ».
Ensuite, je considère aussi, et surtout, que cela trompe les membres réels de la communauté. Et tromper un fan, ça ne paye jamais ! On vous laisse penser que vous allez être nombreux, qu’il y aura des interactions intéressantes… et il n’en est rien. C’est comme si on vous faisait venir à une soirée en vous promettant cadeaux, invités de marque, champagne qui coule à flot… et finalement vous vous retrouvez à 3 pelés et 1 tondu à siroter une menthe à l’eau sur « Le petit bonhomme en mousse ». Les vrais fans, déçus, quitteront la communauté dès qu’ils se rendront compte de la supercherie (en prenant soin de pourrir votre réputation, car les fans déçus n’hésitent pas à le faire savoir).
Construire une communauté à la loyale prend beaucoup de temps et demande du travail. Griller les étapes de la sorte ne sert à rien hormis flatter son égo. Bien sûr tout dépend de l’objectif de cette communauté : si on veut une grosse communauté pour faire beau, ou une communauté active et ô combien plus utile !
Évidemment j’ai pris Facebook pour principal exemple, mais tous les réseaux sont concernés de la même façon. La pratique devient de plus en plus courante et a mauvaise réputation. S’il est intéressant de savoir que cela existe, cette méthode ne doit pas être le principal canal d’acquisition et il ne faut pas compter dessus pour générer une quelconque interactivité (partages, commentaires…). Pour ma part je déconseille fortement cette pratique, pour toutes les raisons citées précédemment. Il est difficile de se démarquer sur les différents réseaux sociaux, tricher est tentant. Mais alors pour les marques qui jouent le jeu honnêtement, le défi devient de plus en plus dur, avec des concurrents qui mettent la barre plus haut en trichant.
J’espère que les réseaux sociaux sauront prendre les mesures nécessaires pour enrayer l’expansion du phénomène et que les utilisateurs ne se laisseront pas berner par ces pratiques. C’est une menace pour les réseaux sociaux qui ne doit pas entrer dans les pratiques courantes et admises.
Chez NordNet, on refuse catégoriquement de booster artificiellement notre communauté ! On échange avec de vraies personnes, on travaille dur pour leur apporter des contenus intéressants et on en est fiers ! Si vous souhaitez rejoindre cette communauté plutôt chouette, c’est ici :
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