Vous êtes-vous déjà demandé ce qu’il se passait pour tous les satellites une fois en orbite ? Fred, de la web-série « L’Esprit Sorcier TV », répond à vos questions depuis le QG de la société d’aérospatiale Eutelsat. Au centre de contrôle où se déroulent les fameuses « opérations ». Enquête.
Les premiers mois de vie d’un satellite géostationnaire
Suite au lancement
Lancer un satellite, c’est éminemment compliqué. En fait, de la conception à la fin de vie, rien n’est simple. Alors, pourquoi ce serait facile une fois que le satellite est effectivement dans l’espace, à 36 000 kilomètres de nous ?
Il se passe plusieurs mois entre le lancement et la mise en service d’un satellite de télécommunications. En effet, il faut d’abord le temps que l’appareil rejoigne son orbite finale et se positionne convenablement. Ensuite, passage obligé par l’inspection : des semaines de tests depuis le centre de contrôle terrestre pour vérifier tous les paramètres. Un examen extrêmement poussé qui ne laisse rien au hasard.
La deuxième partie peut commencer
C’est seulement une fois toutes ces étapes franchies que la deuxième partie de vie du satellite commence : enfin opérationnel, il doit rester en orbite et en état de fonctionnement pendant 15 à 20 ans.
Le rôle des opérations
Si les lois de la physique permettent au satellite de rester en orbite naturellement, le centre de contrôle ne peut pas relâcher sa vigilance pour autant… Bien au contraire !
Les opérateurs se relaient 24h/24 et 7 jours sur 7. Et ce, pour plusieurs raisons :
- s’assurer que le satellite ne souffre pas d’une avarie technique ou informatique,
- vérifier que la trajectoire reste conforme aux attentes,
- suivre le pointage du satellite vers la Terre, avec une orientation constante,
- manœuvrer l’appareil afin d’éviter les obstacles (débris spatiaux, micrométéorites…).
Toutes ces vérifications et d’autres sont essentielles afin de maintenir le service sur Terre : Internet, la télévision par satellite, la téléphonie fixe…
Loïc Baillif, « Deputy Spacecraft Control Centre Operations Manager* » chez Eutelsat, met les bons mots :
Opération « Cube »
La carte de l’espace
Vous ne le saviez peut-être pas : l’orbite terrestre est un secteur très réglementé. Les lois et conventions internationales allouent des couloirs que peuvent emprunter les appareils des uns et des autres.
Ce traçage global est hautement politique, mais aussi pratique. Grâce à ces accords, les entreprises du secteur peuvent se coordonner et travailler intelligemment, pour :
- éviter les collisions entre plusieurs appareils et avec des débris ou des corps spatiaux,
- commencer à récupérer les débris et « dépolluer » l’espace.
Un espace alloué
Pour qu’un satellite de télécommunications fonctionne correctement, sans coupure, il est impératif de rester bien pointé et toujours à la même distance de la Terre. Dans cet esprit, un satellite peut se déplacer verticalement ou horizontalement dans un cube imaginaire, de 100 kilomètres de côté. Pas plus, sinon il se trouve en sortie de route et risque la collision avec d’autres appareils !
100 kilomètres, ça paraît énorme. 1/10ème du territoire de France métropolitaine du Nord au Sud. Sauf quand on se déplace à 3 km/s, comme le fait un satellite en orbite géostationnaire. 100 kilomètres donnent en fait très peu de temps pour réagir, même avec l’aide de nos ordinateurs.
Voilà pourquoi les opérateurs ont besoin de cartes de l’espace pour suivre les débris et les appareils, pour les voir venir bien avant qu’il y ait un risque. Pour déterminer si le risque est réel ou non et quelle est la manœuvre à effectuer pour protéger le satellite, tout en préservant le service. Pas de pression !
Les sciences vous intéressent ? Apprenez-en plus sur la technologie Internet par satellite dans l’intégrale de notre rencontre avec Fred ! Cheminement de l’information, matériel, avantages… on vous dit tout !
* Directeur adjoint du centre d’opérations et formateur en chef