PARTIE 3 : Le rôle des Anonymous dans les événements récents
On vous les a présentés l’année dernière dans cet article, maintenant que vous connaissez un peu mieux ce groupe « d’hacktivistes » vous comprenez pour quelles raisons ils sont intervenus dans l’affaire.
Ils agacent, ils fascinent, ils font peur ou au contraire ne sont pas pris au sérieux, en tous cas ils ne laissent pas indifférents. Pour manifester leur position contre les projets de lois, ils se sont attaqués à plusieurs sites américains et européens. Avec toujours pour leitmotiv la lutte contre toute forme de censure sur le Web, ils ont mis en œuvre « l’Opération MegaUpload » qui consistait à mettre à mal les sites du FBI, d’Universal et de nombreux autres…
Dès la fermeture de Megaupload ils ont annoncé « la cyberguerre a commencée », promettant ainsi des dizaines d’opérations coups de poing contre le gouvernement américain, mais pas seulement.
Les sites d’Hadopi et de l’Elysée ont aussi été attaqués. Entre avertissements et manifestations de leur désaccord, ces attaques se prétendent la voix du peuple. Encore assez méconnus jusqu’à il y a peu de temps, aujourd’hui ils sont sur le devant de la scène et n’hésitent plus à descendre dans la rue pour manifester. Mais attention, derrière les maques, il peut y avoir n’importe qui.
On notera aussi que la presse a beaucoup relayé leur attaque du site de L’Express (vous en avez peut-être entendu parler), au lendemain d’une déclaration de Christophe Barbier, son rédacteur en chef, sur iTele : « Megaupload a été victime d’une attaque du FBI et depuis c’est la vengeance, on cible des sites […] pour dire quoi ? Pour dire attention la loi c’est nous, la règle c’est nous. Nous les pirates, nous qui décidons d’aller sur Internet nous servir et qui ne voulons payer personne, ne pas rémunérer le travail d’autrui. Eh bien il faut dire à ces anonymes qu’ils ne sont pas des robins des bois […] ils sont là simplement comme des voleurs ». Et d’ajouter à propos de son site Internet « On est blindé, pas de soucis on les attend ». Ici, Christophe Barbier réalise l’amalgame fréquent et confond les Anonymous avec les « pirates du dimanche » qui téléchargent illégalement. Bien sûr, il n’est pas exclu que les membres d’Anonymous téléchargent aussi illégalement, mais encore une fois, ce n’était pas pour ce droit qu’ils combattaient.
Face à ces provocations et amalgames, un tout petit groupe de 3 ou 4 Anonymous a cédé à la tentation de pirater le site de l’Express pour lui prouver qu’il n’était pas si « blindé » que ça… C’est le début d’une mauvaise pub pour le mouvement tout entier qui déplore et se désolidarise totalement de cette action.
En effet, les Anonymous tentent de cultiver une image de hors-la-loi bienveillants, et déclarent avoir comme principe de ne pas attaquer la presse.
Dans cette vidéo publiée le 25 janvier, ils mettent les points sur les i et démentent les rumeurs selon lesquelles ils s’attaqueraient à Facebook et Twitter si Megaupload n’était pas rétabli dans les 72h et déclarent « Anonymous s’oppose à toute attaque contre les médias qui constituent l’un des moyens d’expression les plus vitaux d’une démocratie, et que nous défendons ».
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Lundi matin, le siège d’HADOPI à Paris à été taggué aux couleurs d’Anonymous, une nouvelle pratique qui ne leur ressemble en rien.
Mais est-ce bien eux? En effet, face à la nouvelle popularité du mouvement, on peut se demander si ce type d’action n’est pas simplement l’œuvre de quelques sympathisants du mouvement, qui, fautes de pouvoir les rejoindre sur la Toile (car cela demande quelques connaissances techniques tout de même) ont voulu participer en dégradant la façade des bureaux d’HADOPI. Cette mauvaise presse va nuire au groupe, la dégradation gratuite n’a plus rien à voir avec le blocage de sites. Avant de devenir des stars online, ils étaient déjà recherchés par les autorités pour diverses attaques DDOS. Car même s’ils prétendent agir dans l’intérêt de tous, leurs méthodes restent illégales. Maintenant, ils sont de plus en plus populaires certes, donc plus nombreux, plus puissants et plus entendus, mais cette popularité naissante peut aussi les mener à leur perte : n’ayant pas de leader officiel, n’importe qui peut se réclamer du mouvement et signer n’importe quel méfait de leur nom.
A l’avenir il faudra être de plus en plus vigilent lorsque qu’une action sera signée Anonymous. D’ailleurs, le groupe prévient souvent de ses intentions d’attaques et les justifie. La vengeance gratuite n’est pas leur ligne de conduite. L’attaque de l’Express est un « accident de parcours » dont ils se désolidarisent.
Et c’est toute la difficulté posée par les Anonymous. Puisqu’ils se présentent comme un groupe sans hiérarchie, où chaque membre agit selon son libre arbitre, il semble difficile de faire le tri entre les actes qu’ils revendiquent et ceux dont ils se désolidarisent. Qui parmi eux, a la légitimité de choisir ce qui de leur fait et ce qui ne l’est pas ? Certaines voix s’élèvent pour mettre en question la facilité avec laquelle ils s’attribuent les hauts faits médiatiques et réfutent leur participation dans ce qui pourrait nuire à leur image.
Mi-robins des bois, mi-brigands, qu’on soit d’accord ou pas avec leurs principes, l’essentiel est de réussi à prendre le recul nécessaire à l’analyse de leurs actions avant de les encenser ou de les condamner. Les médias traditionnels ont trop souvent tendance à traiter le sujet en surface, pour avoir un large choix d’informations approfondies, il faut fouiller un peu le Web.
Partie 1 : SOPA et PIPA, l’origine des événements
Partie 2 : Une vague de contestation mondiale
Partie 4 : L’ACTA : un mystérieux traité mondial