J’aime beaucoup dénicher pour vous les mots les plus tordus du Web et vous les analyser minutieusement. Aujourd’hui, petit point sémantique : au moment même où vous lisez cet article, peut-être êtes-vous en train de consulter vos mails, regarder le programme tv et passer une commande sur LaRedoute.fr. Et bien sachez que cela porte un nom, que vous vous en servez au bureau et que cela peut nuire à votre productivité ! Le mot du jour est donc : le multitasking. Vous allez voir c’est très simple et ça permet de briller en société.
Qu’est-ce que le multitasking ?
Le multitasking est aujourd’hui au cœur de notre système professionnel. Il s’agit tout simplement de la capacité de faire plusieurs choses à la fois. Un art périlleux de plus en plus répandu dans l’organisation du travail. Café sur ses emails, téléphone sur l’œil et oreille à la main… Oups pardon, café à la main, un œil sur ses emails et le téléphone à l’oreille, nous donne l’impression d’être plus efficace. Le problème de cette méthode est, comme vous le voyez, une confusion certaine et un manque de concentration avéré.
On confond souvent la capacité à être multitâche avec celle de « switcher » d’une activité à une autre. Il faut noter que le transfert d’attention est aussi source de perte d’intensité. Plus nous sommes multitâche, plus le taux d’erreur dans nos tâches accomplies est élevé.
Naturellement, si nous tentons d’être multitâches au maximum, c’est pour gagner en productivité. Or, en réalité, le multitasking segmente juste nos tâches et nous ferait donc perdre du temps. En effet, rien que le temps nécessaire à la reconcentration est suffisant pour lui faire perdre son intérêt. C’est le principe de la loi de Carlson, selon laquelle « tout travail interrompu en cours de route sera moins efficace et prendra plus de temps que s’il était effectué en continu ».
Le multitasking électronique
Il a également été prouvé par une étude britannique qu’il nuit à nos capacités intellectuelles. En particulier le multitasking électronique, lié à la prolifération d’outils de communication modernes (faire des recherches professionnelles en même temps que répondre à ses e-mails, planifier la réunion du lundi et mettre son agenda électronique à jour par exemple).
Faut-il pour autant interdire Internet au bureau ? Avec en moyenne 66 minutes quotidiennes de surf personnel, les salariés perdent du temps. Mais une étude de l’université de Melbourne démontre que « divaguer sur Internet n’a pas d’impact négatif sur la productivité. Au contraire, les resquilleurs qui surfent pour s’amuser au travail sont environ 9% plus productifs que les autres ». Il est simplement nécessaire de prendre en compte deux aspects importants :
- Un aspect comportemental : savoir se couper des flux et se concentrer sur une tâche jusqu’au bout.
- Un aspect technique : les outils mis à disposition des collaborateurs doivent leur permettre d’être les maîtres et non les victimes des flux. Ils doivent savoir les prioriser.
Les chercheurs de l’Université de Londres tirent des conclusions alarmantes. Basée sur 1.100 salariés soumis au multitasking électronique, l’enquête révèle que leur quotient intellectuel diminuerait de manière significative car notre cerveau est incapable de gérer efficacement plusieurs choses à la fois. En moyenne, on perdrait 10 points de quotient intellectuel (l’équivalent d’une nuit blanche ou d’un joint de cannabis). Notre cerveau ne peut que jongler d’une tâche à l’autre et cet éparpillement lui demande donc beaucoup d’efforts. Cette pratique peut même avoir des conséquences graves chez les enfants (difficultés d’apprentissage ou développement de comportements à tendance autistique…).
A haute dose, Internet favoriserait donc la perte de concentration, en permettant d’une part de suivre plusieurs choses à la fois, et d’autre part, de passer d’une page à une autre sans prendre la peine de les consulter jusqu’au bout. Le multitasking se rapproche en fin de compte à l’art de ne pas choisir, il pose le problème de la prise de décision, qui implique de savoir gérer ses priorités. Il convient donc de trouver une organisation du travail plus cohérente, sans se laisser distraire par les outils électroniques à notre disposition.