C’est désormais indiscutable : le marketing d’influence est un pilier incontournable pour les marques. Instagram, TikTok, YouTube… ces plateformes ont transformé des créateurs passionnés en véritables prescripteurs, capable d’influencer significativement les comportements d’achats de millions de consommateurs. Mais derrière les likes et les codes promo se cache une réalité : ce secteur, longtemps peu encadré, connaît depuis quelques temps un virage réglementaire majeur. Pour quelles raisons ? À quelles règles doivent réellement se conformer les influenceurs ?

Pourquoi fixer des règles dans l’univers des influenceurs ?
Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 9 juin 2023, la France a bousculé les pratiques des influenceurs sur les réseaux sociaux, s’imposant comme pionnière en Europe. Pourquoi ? Tout simplement pour protéger les consommateurs (en particulier les plus jeunes), responsabiliser les créateurs et garantir une pratique transparente.
Avec parfois des millions d’abonnés, certains influenceurs rivalisent avec les médias « classiques ». Forcément, leur pouvoir de prescription attire les marques pour des partenariats… mais peut aussi entrainer quelques dérives : arnaques, publicités pour des produits dangereux ou douteux, ventes illégales, etc. Résultat : une hausse des plaintes et une perte de confiance des consommateurs…. et une nouvelle loi française !
Depuis juin 2023, celle-ci encadre :
- la définition du métier d’influenceur et ses obligations (transparence, mentions de partenariat, interdiction de certaines promotions),
- la responsabilité élargie (créateur, agent, plateforme),
- de lourdes sanctions (jusqu’à 2 ans de prison, 300 000 € d’amende).
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) est désormais équipée pour investiguer, sanctionner et bloquer les contenus illicites avec le concours des réseaux sociaux.
La mise en place de cette loi semble depuis porter ses fruits puisque l’Observatoire de l’Influence Responsable ARPP (Autorité de Régulation Professionnelle de Publicité) 2025 révèle un taux de conformité global de 84% sur les contenus analysés.
Depuis février 2024, la nouvelle loi européenne sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) s’applique à toutes les plateformes. Elle impose aux influenceurs et créateurs une responsabilité accrue pour garantir que leurs contenus ne soient pas illégaux, trompeurs ou inappropriés.
Enfin, à l’horizon 2026, de nouvelles interrogations sont soulevées notamment concernant l’émergence de l’intelligence artificielle dans la création de contenus.
Qui doit se conformer et comment ?
La loi française (n°2023-451, renforcée en 2024 et 2025) définit un influenceur comme « toute personne physique ou morale qui, à titre onéreux, mobilise sa notoriété auprès de son audience pour communiquer au public établi sur le territoire français, par voie électronique, des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, services ou d’une cause quelconque ».
Concrètement, les influenceurs sont tous logés à la même enseigne ! Les règles s’appliquent aussi bien aux « gros » qu’aux petits influenceurs, même basés hors UE. Ce qu’il faut retenir, c’est que peu importe le nombre d’abonnés ou la localisation, la loi française (et européenne) peut s’appliquer si le contenu vise le public français.
Voici les principales règles à respecter :
- Mentions obligatoires pour les contenus sponsorisés : les influenceurs sont dans l’obligations d’indiquer le caractère commercial ou publicitaire de leur contenu. Par exemple, la mention « publicité » ou « collaboration commerciale » (dès le début du contenu) permet de garantir au consommateur une transparence.
- Publicité interdite pour un ensemble de produits : produits contenant de la nicotine, actes de chirurgie et de médecine esthétique, médicaments soumis à prescription médicale, etc. Il est également formellement interdit de faire la promotion de tout bien ou service contrefaisant.
- Les arguments et promesses commerciales doivent être vrais et vérifiables.
- Un partenariat entre marque et influenceur doit être formalisé par un contrat écrit.
En 2025 en France, une loi anti-fast fashion, qui impact l’activité des influenceurs, a été adoptée à l’unanimité par le Sénat :
- Interdiction de promouvoir certaines marques sous peine de sanctions.
- Les influenceurs qui continuent à faire la promotion de ces enseignes risquent des amendes et suppression de contenu.
Les bons réflexes en tant que consommateur
En tant que consommateur, il est essentiel d’adopter certains réflexes sur les réseaux sociaux pour éviter les pièges et reconnaître une publicité :
- Vérifier si la marque mise en avant est connue et fiable avant d’acheter via un lien sponsorisé.
- Chercher les mentions obligatoires (publicité, collaboration commerciale…) dès le début du post.
- Regarder la réputation de l’influenceur et les avis sur le produit (sur des plateformes indépendantes).
- Se méfier des promesses trop belles, si ça semble irréaliste, c’est probablement faux.
Si vous voyez un partenariat non déclaré ou une promo pour un produit interdit, vous pouvez le signaler à la plateforme et à la DGCCRF.
Entre likes et lois, le marketing d’influence est entré dans une nouvelle ère : celle de la responsabilité. Une opportunité pour les créateurs de se professionnaliser et pour les marques de renforcer la confiance avec les consommateurs. En définitif, la transparence n’est pas une contrainte… mais plutôt un atout.

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