Comment déceler le vrai du faux en cette période de pandémie mondiale où Internet pullule de fausses informations pseudo-médicales ? Alors qu’aucun traitement n’a encore prouvé son efficacité à titre préventif comme curatif, les pistes de recherches suscitent beaucoup d’espoir et peuvent tenter à l’automédication. Quels risques ? Au mieux, aucun effet, au pire de graves effets secondaires.
Pour éviter cela, il est possible de trouver des réponses médicales sur Internet sans tomber dans le piège de la désinformation.
Des médecins répondent à toutes vos questions sur le COVID-19
L’épidémie pose énormément de questions pour tous ceux qui prennent des traitements quels qu’ils soient, ont un état de santé présentant une quelconque particularité… Alors pour éviter la désinformation en pleine crise sanitaire, le site Pharmacovid, né à Grenoble, est la référence d’information nationale pour répondre aux questions les plus fréquentes sur les médicaments et le covid.
Plusieurs jours avant le confinement, le Professeur Jean-Luc Cracowski, praticien hospitalier de Pharmacologie à l’Université de Grenoble Alpes et Président du groupe de travail « médicaments et COVID-19 » de la Société Française de Pharmacologie et Thérapeutique, a eu l’idée d’un site regroupant toutes les questions que peuvent se poser les français sur les médicaments et traitements à poursuivre ou non pendant l’épidémie. Face à la multiplication des infox au sujet de la maladie et des médicaments, il décide de créer ce site d’informations fiables où plusieurs de ses confrères répondent aux questions concrètes des internautes.
La tentation est grande de croire aux remèdes miracles qui pullulent sur internet et ces médecins se sont donnés pour mission d’informer pour éviter les automédications inappropriées.
L’artemisia : le remède promu par les autorités malgache a-t-il réellement été approuvé par l’OMS ?
Le président malgache se fait le VRP du « Covid-Organics », une boisson aux extraits d’artemisia et dont la composition n’a pas été rendue publique, supposée être un remède potentiel au Covid-19. L’artemisia est une plante abondante à Madagascar, à laquelle on avait aussi attribué des vertus thérapeutiques contre le paludisme. Or son efficacité contre le paludisme n’a jamais été prouvée, de même contre le coronavirus. Mais en déformant les propos de l’OMS, un article du site Océan Guinée massivement partagé a ainsi écrit « C’est une autre victoire pour [le président malgache] Andry Rajoelina et aussi pour l’Afrique tout entière pour la confirmation du remède malgache contre le Covid-Organics. Dans un communiqué annoncé par l’Organisation mondiale de la santé, cette organisation accueille désormais les remèdes thérapies dans le cadre de la recherche de traitements potentiels de la maladie Covid-19.»
Or les propos exacts de l’OMS, qui appelle à des essais cliniques, sont les suivants :
« L’OMS reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative recèle de nombreux bienfaits. L’Afrique a d’ailleurs une longue histoire de médecine traditionnelle et de tradipraticiens de santé qui jouent un rôle important dans les soins aux populations. Des plantes médicinales telles que l’artemisia annua sont considérées comme des traitements possibles de la Covid-19, mais des essais devraient être réalisés pour évaluer leur efficacité et déterminer leurs effets indésirables. Les Africains méritent d’utiliser des médicaments testés selon les normes qui s’appliquent aux médicaments fabriqués pour les populations du reste du monde. Même lorsque des traitements sont issus de la pratique traditionnelle et de la nature, il est primordial d’établir leur efficacité et leur innocuité grâce à des essais cliniques rigoureux.»
A Madagascar aussi, l’Académie nationale de médecine se montre réservée et ne parle pas d’un médicament, mais plutôt d’un remède traditionnel amélioré et appel à un suivi des patients ayant consommé du Covid-Organics.
En France, l’Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé a quant à elle mit les points sur les i dans un communiqué : « Nous avons constaté des messages portant sur l’artemisia annua et ses supposées vertus thérapeutiques. Au-delà d’un risque d’inefficacité, le recours à ce type de produits en automédication peut présenter un danger pour la santé ». Ces produits « n’ont jusqu’alors pas fait la preuve de quelconques vertus thérapeutiques. Nous rappelons que cette plante a auparavant fait l’objet du même type de message sur de prétendues vertus thérapeutiques contre le paludisme. Là encore, la preuve de son efficacité n’a pas été démontrée et des personnes en ayant pris ont développé des formes graves de paludisme lors d’un séjour à l’étranger. »
Il n’existe à ce jour aucun traitement efficace, à titre préventif ou curatif, contre le coronavirus. Des produits sensés vous protéger vendus sur internet ne sont en aucun cas testés et approuvés par les autorités sanitaires et risquent de retarder la prise en charge médicale nécessaire en cas d’infection.
Comment acheter vos médicaments en ligne en sécurité ?
La mise en vente de produits de santé sur internet est d’ailleurs strictement encadrée et réglementée. Veillez à passer uniquement par le circuit des pharmacies et de leurs sites internet autorisés pour la vente en ligne de médicaments lorsque vous devez acheter un médicament sur internet. En dehors de ce circuit, la qualité et la sécurité des médicaments ne sont pas contrôlées et garanties et des médicaments falsifiés ou contrefaits peuvent vous être vendus.
Les sites autorisés pour la vente en ligne de médicaments sont disponibles sur le site du Conseil de l’Ordre National des Pharmaciens.
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