La Google TV : Google s’invite dans votre salon

Elodie vous a récemment parlé des TV connectées. Aujourd’hui, nous entrons dans le vif du sujet avec l’avènement de la Google TV qui sera, selon le PDG de Google Eric Schmidt, « la plus grande révolution dans la télévision depuis le passage du noir et blanc à la couleur ». Le produit n’étant pas encore disponible en Europe, j’ai jeté un coup d’œil de l’autre côté de l’Atlantique.

Cela fait bientôt plus d’un an que les TV connectées se sont greffées dans notre paysage audiovisuel, enfin surtout chez les revendeurs : en 2009 les TV connectées représentaient seulement 6% des ventes d’écrans (sources : institut GfK). Voyons un peu ce qu’elles ont dans le ventre mis à part les fonctions TV et TNT traditionnelles :

• Une interface simplifiée, propre à chaque constructeur, pilotée par télécommande et qui permet d’accéder à l’ensemble des services.
• Un port Ethernet (port réseau) pour être connecté sur Internet et ainsi visualiser différents types de contenu : vidéos, images…
• Une option Wi-Fi, directement intégrée à la télé ou via une clé USB fournie par le constructeur.
• Des ports USB pour connecter des appareils numériques (baladeur mp3, appareil photo, clef USB…).
• La fonction DLNA (Digital Living Network Alliance) qui permet de partager des fichiers audio et vidéo via Windows 7, Windows Media Center, Xbox Media Center, PS3 Media Center afin de les retransmettre directement sur la TV.
• Des accès à des services de vidéos à la demande et de télévision de rattrapage.

Pour profiter pleinement des services offerts par les TV connectées, et plus particulièrement ceux liés au Web, il est nécessaire d’avoir une connexion Haut-Débit. Ce type de connexion ne cesse de se développer et est « presque » accessible partout. Aujourd’hui les TV connectées ont donc devant elles un terrain propice à leur expansion. Pour l’année 2010, les ventes de TV connectées ont été estimées à 25% des ventes d’écrans. En 2011, ce chiffre devrait dépasser les 60%. On peut dire que la Google TV arrive à point nommé.

Les mauvaises langues vous diront : « pas grand chose ». Il est vrai, la Google TV permet, comme les TV connectées présentes actuellement sur le marché, de se connecter à Internet afin d’accéder à diverses applications (galeries de photos, lecteur de musiques), d’accéder à des services multimédias (radio, photos, vidéos à la demande…) Et ce n’est pas tout ! Elle permettra de surfer sur le Web, comme sur votre ordinateur. De plus, Google étant le moteur de recherche le plus utilisé sur le Web, la Google TV se devait de l’inclure dans son interface. On pourra donc effectuer des recherches sur le Web mais aussi sur le contenu des programmes TV. Une envie de documentaire animalier ? Un concert de rock ? Une recherche, et c’est trouvé !

De plus, Google a réussi à susciter l’engouement auprès de différents sites Web afin qu’ils adaptent leurs interfaces pour la Google TV. Dans le lot nous avons : Twitter, CNN, Cartoon Network, … À noter que l’exploration des sites Web se fera via le navigateur de Google : Google Chrome. La navigation Web en sera des plus conviviales grâce à la compatibilité avec les animations Flash (sites Web animés).

Regarder les résultats de la Ligue 1 tout en ne quittant pas des yeux le match PSG contre Marseille, c’est possible et sur le même écran de TV. La Google TV propose un mode d’incrustation qui permet d’accéder simultanément à plusieurs fenêtres, comme sur un ordinateur.

Le fin du fin reste son système d’exploitation (OS) qui n’est autre qu’Android, développé par Google lui même. Pour rappel, l’OS est le logiciel principal d’un appareil (ordinateur, smartphone, TV connectée…), celui qui lui permet de gérer ses périphériques et ses fonctions essentielles. Actuellement, l’OS Android équipe de nombreux smartphones et les plus avertis le savent déjà, c’est un OS libre de droit. Ceci sous entend que tout acteur du marché peut prendre Android, éventuellement le modifier et/ou le personnaliser afin de le déployer sur son matériel (TV, smartphone, box).

En 2011, Google ouvrira son « Android Market », un marché d’applications téléchargeables dans le style de l’App Store, disponible depuis un iPhone. De nombreuses applications seront disponibles. Je pense que l’évolutivité, l’attractivité et la variété des fonctions amèneront les utilisateurs à se servir de la Google TV de façon pérenne.

Les deux « premiers » constructeurs de matériels compatibles avec la Google TV sont Sony et Logitech. Ils proposent deux types de matériel : les télévisions qui embarquent Google TV et les set-top-box qui sont des boîtiers non intégrés au téléviseur et compatibles avec les TV standards.

Logitech fut le premier, en septembre 2010, à lancer sa set-top-box aux États-Unis. Elle a été baptisée Logitech Revue et est disponible au tarif de 299.99 dollars.

En octobre 2010, Sony a lancé la commercialisation de quatre modèles de télévisions LCD (de 24 à 46 pouces) et d’une set-top-box qui embarque un lecteur Blu-Ray. Les prix des téléviseurs sont compris entre 599.99 et 1399.99 dollars, quant à la set-top-box elle affiche un prix de 399.99 dollars.

Les deux constructeurs ont du faire preuve d’ingéniosité en termes d’ergonomie en fusionnant la télécommande, la souris et le clavier, si chers aux utilisateurs habituels du Web sur ordinateur. D’un côté nous avons Sony qui nous propose un petit clavier équipé d’un stick directionnel pour déplacer le curseur de la souris à l’écran. Du côté de Logitech, on retrouve un clavier allégé et équipé d’un touchpad, pavé tactile, pour accompagner les déplacements de la souris.

Sony et Logitech ne resteront pas longtemps les seuls constructeurs de matériels compatibles avec Google TV. On voit déjà se profiler le constructeur Dell avec une sorte de mini pc de salon. Comme nous l’avions cité plus haut, tout acteur du marché peut prendre Google TV et l’adapter à son matériel. Nous ne sommes peut-être pas loin d’un nouveau standard : après le « HD Ready », le « Full HD », on pourrait imaginer le « Google TV ».

Le lancement commercial pour la France est prévu pour ce début d’année 2011. À quels genres de problématiques la Google TV risque-t-elle de se frotter ?

Le cycle de vente des télévisions, en France, est long. Il est en moyenne de sept ans et les particuliers attendent parfois jusqu’à dix années avant d’acheter une nouvelle télévision.

Qu’à cela ne tienne ! Google pense à tout et pour court-circuiter ce cycle long il propose aussi des set-top-box, qui permettent de garder le téléviseur standard tout en obtenant le service Google TV. Oui mais, les consommateurs n’ont-ils pas déjà des « box » ?

Effectivement, en France, les FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet) proposent des solutions de connexion nécessitant l’utilisation d’une « box ». Qui plus est, certaines d’entre elles proposent même la diffusion de contenus en provenance de l’ordinateur vers les téléviseurs, l’accès à des services de vidéos à la demande, etc. Aux États-Unis, la donne est différente : les « box » sont quasiment inexistantes.

On espérait voir disparaître, totalement, la publicité de nos chaînes publiques françaises et voilà que se profile au loin un service TV lié à Internet. Vous voyez où je veux en venir ? La publicité sur Internet ! Effectivement, Internet est le bon créneau pour la diffusion de la publicité : bannières, pop-up, mails commerciaux, vidéos… Google y participe déjà à sa manière via, entre autre, l’affichage de liens commerciaux au sein de son moteur de recherche.

Si Google a choisi de s’installer sur la TV de votre salon, ce n’est pas anodin. Il a juste eu du flair en constatant que le chiffre d’affaire publicitaire, mondial, sur le Web peinait à atteindre les 70 milliards de dollars tandis que celui de la télévision surplombait les 280 milliards de dollars. La différence entre ces deux chiffres parle d’elle-même et Google a tout à y gagner.

À quoi va ressembler la publicité TV de demain ? Nous allons peut-être assister à un mix entre la publicité TV et celle issue de l’Internet. On peut s’attendre à quelques surprises…